Ramadan

Fanous

Un vent de piété souffle sur le Caire. Ceux qui d’habitude étaient les premiers à suivre des yeux les passantes, sont désormais absorbés par la lecteur du Coran à haute voix, et montent le son dès que quelqu’un s’approche car plus la foi est affichée bruyamment, plus elle est sincère. Pour l’inconscient collectif égyptien, Ramadan est le mois où l’on peut se laver des pêchés et mauvaises actions de l’année. Cela demande donc un sacré effort pour certains.

La ville s’éveille plus tôt que d’habitude, car on se presse au bureau vers 8h, pour espérer partir quelques heures plus tard. Ce mois-ci, on fait du présentiel, car les pauses cafés, cigarette et thé ne sont plus possibles pour réduire la journée de travail au minimum. On tapote donc d’un air distrait sur son ordinateur, les yeux encore embués de sommeil , grelottant dans l’air climatisé à 15 degrés qui empêcherait de ressentir la soif. A 15h, on saute dans sa voiture pour regagner son quartier et se mettre à préparer l’iftar.

C’est un mois où la solidarité resurgit, on donne aux pauvres, et de grandes tables sont dressées dans la rue pour ceux qui n’ont pas de quoi préparer un iftar chez eux. Les mendiants vous interpellent, « faites une bonne action », et les mosquées sont remplies. Les esprits s’échauffent souvent : affâmés, certains ne se contrôlent plus et s’énervent en invectivant le voisin de chaise dans la rue, et les autres, curieux,  attendent jusqu’à ce qu’on frôle le drame, et s’interposent enfin en faisant remarquer « tu jeûnes, tiens toi bien ». D’autres font fi du qu’en dira-t-on et se dirigent sans complexe vers un kiosque pour acheter un Mars. Regain de moralité oblige, le harcèlement dans la rue a quasiment disparu : on regarde les filles mais on ne les siffle plus, et certains se mettent à détourner pudiquement le regard dès qu’une fille leur adresse la parole.

A l’heure de la rupture du jeûne, la ville est déserte et silencieuse. Deux heures plus tard, le Caire grouille à nouveau, les magasins remontent leur rideau et on veille au moins jusqu’au souhour, le dernier repas avant le lever du soleil.

10 réflexions au sujet de « Ramadan »

    • Merci Marie d’écrire le premier commentaire négatif du blog. Il ne vous aura pas échappé que le ton général ici c’est le second degré, mais pour cela il aurait fallu prendre le temps de lire d’autres textes. Ah au fait, rien ne vous oblige à me lire 🙂

      • Moi je trouve qu’il y a du second degré qui tient du mauvais esprit, et qui couvre un mépris qui, pour être édulcoré, se sent quand même….C’est un certain regard désabusé et dénigrant qui se prend légèrement de haut qui ne grandit personne et qui manque de cœur…Mais libre à vous…

      • et libre à vous de faire des jugements de valeur sans me connaître Monique ! Je vois que le sujet du Ramadan est sensible et que la bien-pensance devrait être de mise. Aucune généralisation n’est faite, et encore une fois le ton du blog est résolument décalé.

      • j’ai lu, j’ai lu….pas seulement le ramadan… je ne reviendrai plus, tout a fait d’accord avec Monique, je ne ressens aucun amour pour ce peuple.

      • Non, je ne vous connais pas mais je vous ai lu…Ce n’est pas le Ramadan qui est en cause, plutôt le ton général…La « bien-pensance » ne m’intéresse pas beaucoup… »décalé »…je lis  » se dit d’une personne, d’un comportement, qui, dans un contexte donné, n’est plus en phase avec la réalité. inattendu, différent de ce que l’on attendait . désynchronisé dans le temps, déphasé  »
        Mouais…sans doute un truc à la mode…C’est dommage parce que ce que vous raconter vaut la peine mais je crois qu’il me manque un peu de simplicité , de « gentillesse » (non, c’est pas un gros mots…) et de lumière dans les rencontres…ce « décalé » est pour moi un artifice qui désert vos chroniques qui en plus d’être intéressantes, pourraient être « belles »…
        Mais sans doute je viens un peu mettre un peu de poil à gratter dans un certain consensus ici…voire une « bien-pensance »? 😉 Allez, bonne continuation dans ce beau pays…

  1. Il faut vivre au Caire et fréquenter ses rues bondées ou son métro pour avoir une idée du comportement masculin…

  2. Comme toujours, bonne observation et bonne description d’un phénomène culturel annuel… avec une pincée d’humour assaisonné d’un zeste d’ironie ^_~

  3. Merci pour ce moment de relaxation! Vous lire est un reel plaisir, le second degre que vous employes n’a rien de denigrant bien au contraire! C’est tout simplement une bouffee d air frais dans cette ambiance stressante qui regne sur le caire. Les scenes quotidiennes que vous decrivez sont juste tournees parfaitement avec un humour que j apprecie enormement. Dommage que ce ne soit pas le cas de tout le monde, en tout cas en tant qu egyptienne (donc tres calee sur l humour car c est une de nos qualites principales) j adhere!!!
    J espere vous lire encore tres vite, peut etre sur le deroulement de lAid qui j espere restera pacifique!!
    (message sans accent, desole clavier made in egypt)

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